La France et la mondialisation

La situation actuelle de la France est difficile puisque nous devons rattraper 30 ans de retard. Retard sur quoi ? Essentiellement sur la recherche. La recherche d’aujourd’hui ce sont les innovations, la création d’entreprises et des emplois de demain. Il n’y a pas d’emploi aujourd’hui puisqu’il n’y avait pas de recherche hier ou nous avons laissé les chercheurs et les résultats de recherches aller ailleurs dans d’autres pays pour des raisons bêtes d’économie ou de frilosité d’investissement des acteurs économiques – État, banques, …

La France se doit d’être un des leaders de l’innovation, car la mondialisation est là pour que les autres pays (surtout les émergents) s’arrogent rapidement la fabrication des produits. Voici un graphe ci-dessous obtenu des données de la Banque Mondiale sur l’investissement en R&D en % du PIB des pays qui montre un investissement relativement moindre de la France ces 12 dernières années par rapport à quelques pays qui comptent dans la compétition mondiale – à noter l’impressionnante courbe verte de la Corée du Sud qui montre l’effort de tout un pays pour être actuellement un acteur majeur des nouvelles technologies aujourd’hui. Imaginez l’effort cumulé supplémentaire en R&D d’un pays investissant +30% à +80% de plus que la France chaque année depuis 30 ans, 20 ans ou même 12 ans…

Investissement R&D 2000-2011

Les altermondialistes sont incohérents, car ce sont eux qui pensent que les pays en voie de développement doivent être aidés mais qui sont contre la mondialisation. On n’aide pas les pays en voie de développement en distribuant des sommes d’argents aux gouvernements ou en supprimant leurs dettes – on sait à quel point la corruption y règne pour certains d’entre eux. L’histoire récente démontre que la meilleure aide qu’on peut leur apporter c’est justement la possibilité de s’industrialiser et de produire : efficacité économique de l’exportation, acquisition de savoir faire, augmentation des salaires, augmentation du niveau de vie – tout cela entrainant une meilleure vie sociale et l’intérêt que ces pays ont à intégrer des organisations mondiales et de respecter les droits de l’homme. Le niveau de vie n’a jamais augmenté plus en Asie du sud-est – Corée, Inde, Vietnam, Taïwan, etc. – que par la mondialisation. Il en sera de même pour l’Afrique ; déjà certains pays du Maghreb affichent des progrès économiques visibles. L’investissement intérieur de ces pays, en recherche et développement, ont ensuite pris la suite pour soutenir leurs croissances (ce sont spécialement ces pays qui ont investi en R&D qui ont le plus profité de la mondialisation).

Les vases communicants jouent à plein leur rôle : le niveau de vie augmente dans ces pays là et donc ils finissent par eux-mêmes délocaliser vers des pays qui ont un niveau de vie moins élevé, et in fine, la relocalisation devient inévitable.

Bien-sûr, il ne faut pas laisser à l’abandon nos entreprises françaises : il faut favoriser leur productivité, favoriser la création d’entreprise, favoriser la recherche et l’innovation. Quoi de plus normal que les chercheurs qui trouvent, puissent bénéficier de leurs brevets ? Qu’ils puissent participer à la création d’entreprises qui s’appuient sur leurs brevets ? Que les universités et autres centres de recherche participent plus fortement au tissu économique ?

Dans le cas de la France, la situation est assez consternante : au lieu d’exploiter nos inventions, nous les vendons massivement à l’étranger. Depuis 2004, 90 % des transactions françaises en matière de brevets sont des ventes, contre seulement 10 % d’acquisitions.

Plus de partenariats avec des entreprises et plus d’innovation avec l’aide de l’état, voilà la clef des emplois de demain. Il serait grave de ne pas exploiter un des atouts le plus formidable des français (même les USA nous envient) : nous sommes créatifs, nous sommes de bons chercheurs … simplement nous avons quelques difficultés avec la mise en œuvre, l’industrialisation ou un certain rapport étrange avec l’argent. Sans oublier, rémunérer correctement les salariés et les faire participer aux bénéfices – c’est une règle de base.

Plusieurs grands secteurs très prometteurs de découvertes, d’innovation, de technologies et d’emplois s’ouvrent à nous : nanotechnologies, biotechnologies, nouveaux matériaux, énergies renouvelables, etc. L’internet n’est plus un nouveau secteur, mais est devenu un incontournable milieu, accessible mondialement, de connaissances et d’échanges sous toutes ses formes.

L’internet ne connaissant pas ou peu de frontière, il est par excellence un facteur de la mondialisation-globalisation.

L’internet comme plateforme d’échanges commerciaux, met à mal l’économie traditionnelle de 2 façons :

  • Il vampirise une partie (une grande partie sur certains marchés) de l’économie traditionnelle,
  • Il s’exonère beaucoup plus facilement des impôts et taxes (comme le dit M. Charles Guené vice-président du sénat, lors de son intervention au colloque du FONDAFIP « Crise des finances publiques et évasion fiscale »)

Nous pouvons combattre ce mauvais côté d’internet de plusieurs façons :

  • Il est absolument vital d’éviter toute taxation qui freinerait le volume des transactions en France ou qui mettrait à mal la compétitivité française : telle la taxe sur les annonces publicitaires internet ou une taxe sur le commerce électronique. Il serait préférable de trouver des méthodes pour taxer selon l’origine des paiements des consommateurs pour les services ou les produits (qui paient ? est-ce que les fonds proviennent de banques françaises ? est-ce que ce sont les français qui achètent ?), ou pour taxer selon la destination des services et des produits (qui en bénéficie ? est-ce que ce sont les français les consommateurs ?).
  • Les entreprises délocalisent pour fabriquer ailleurs au moindre coût et vends ensuite localement par internet. Une imposition et charges plus raisonnées des entreprises devraient contribuer à réduire la délocalisation et l’évasion d’IS. Il est fort probable qu’une baisse significative du taux de l’IS et des charges soit suffisamment attractive pour compenser la perte due à la baisse du taux d’IS et des charges.
  • Tous les marchés s’appuyant sur internet ont un point commun : l’innovation/la technologie ; il faut donc encourager cela en France.

Nous ne pouvons nous permettre de ne pas investir fortement dans tous ces nouveaux secteurs ; d’abord en recherche et ensuite en développement des nouveaux produits qui en découleront. Nous avons fait une fois déjà l’erreur en ce qui concerne l’informatique, il ne faudrait pas recommencer la même erreur.

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