Les sondages : le petit jeu des médias et des politiques…

Depuis 1936 date du premier sondage d’opinion pour une élection présidentielle aux Etats-Unis les politiques comme les médias n’ont cessé d’y recourir pour essayer de connaître l’opinion du peuple.

Plusieurs centaines de sondages sont effectués chaque année en France. Les outils sont affinés d’année en année ; chaque institut y va de sa recette corrective ou de rééquilibrage (ultra-secrète) appliquée à la méthode aléatoire (peu utilisée) ou à la méthode des quotas. Ils cherchent avec une entêtante obstination (le pléonasme est mérité) l’opinion du peuple tel un graal. Pour en faire quoi ? Pour la brandir qui le premier à la face de ce même peuple ? Ah Ah ! Nous savons ce que vous pensez (mieux que vous-même d’ailleurs) ! Vous ne pouvez rien nous cacher !

Les instituts ont fait du sondage d’opinion l’instrument du jugement ultime permettant réordonner les suprématies à l’intérieur de la sphère politico-médiatique. Or ce que cache les instituts de sondage – d’ailleurs assez facilement, puisque ni les médias ni les politiques n’ont jamais rien compris aux mathématiques – c’est que cet outil, tel qu’il est utilisé, n’a plus aucune valeur scientifique. En effet, le principe même de l’échantillonnage afin de pouvoir déduire sur un plus grand nombre (inférence statistique) nécessite l’indépendance totale des événements (qui sont ici les réponses des sondés). Cette indépendance s’est volatilisée depuis la généralisation des smartphones avec sms instantanés et accès aux réseaux sociaux. Surtout chez les jeunes, dans la minute où un jeune (ou moins jeune) est sondé tous ses copains ou autres (y compris ceux des réseaux sociaux) connaissent la question et sa réponse personnelle. Pour revenir à l’hypothèse d’indépendance de départ, il faudrait multiplier par 10 voir par 100 le nombre de sondés – au lieu de 800 à 1000 sondés il en faudrait des dizaines de milliers – mais cela coute cher, très cher…

En dehors du principe mathématique, les sondages d’opinion ne sont pas plus raisonnables puisque les questions ne sont pas ouvertes. Qui formule les questions ? Et souvent il n’y a pas l’option de réponse qu’on voudrait. On peut être favorable à une personnalité sans cautionner toutes ses actions, tout comme on peut être défavorable à quelqu’un sans dénigrer toutes ses idées.

Par ailleurs, les sondages oraux d’opinion sont aussi frappés par le politiquement correct et la bien-pensance car « en face » il y a une personne qui écoute notre réponse, même si nous ne la connaissons pas ni ne la voyons.

Pour l’anecdote, vous souvenez-vous du film ‘’Highlander’’ et de sa suite ‘’Highlander 2’’ ? Le premier a eu du succès, et les producteurs, en voulant encore plus, font donc un sondage d’opinion principalement chez les jeunes, le public cible : qu’est-ce qui vous a plu dans ce film ? Avec quelques suggestions de réponses et même une possibilité de réponse ouverte. Résultat du sondage : les batailles à l’épée, les effets spéciaux avec des étincelles qui jaillissent de partout. Évidemment, la suite ‘’Highlander 2’’ a été un désastre. Est-ce qu’un jeune dirait face à un sondeur : c’est l’histoire d’amour qui m’a le plus touchée ?

Pour conclure, quelle que soit la méthode utilisée, quelles que soient les questions posées, quelles que soient les manigances des politiques ou des médias pour connaître l’opinion du peuple rien ne peut remplacer une intelligence empathique. Certains nous font croire que l’empathie peut s’apprendre telle la psychologie à la fac, mais l’incapacité patente des psychologues à comprendre les déséquilibrés remis en liberté et qui récidivent nous confirme que non, cela ne peut s’apprendre : on nait ou pas avec la capacité d’empathie ou la capacité/volonté d’être proche du peuple.

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